mardi 10 décembre 2013

Ce que peut enseigner une carte... L'exemple de la "carte de Selden" et son interprétation pluridisciplinaire

Pour poursuivre notre discussion sur la manière dont les sources visuelles historiques (dont cartographiques) peuvent enrichir notre réflexion historique, cet article et surtout les liens vers lesquels il renvoie me semblent tout à fait révélateurs des apports possibles de ce type d'objets historiques a priori plutôt atypiques. Cette carte chinoise connue sous le nom de "carte de Selden" (du nom de son dernier acquéreur) et qui daterait d'environ 1620 n'a été que très récemment analysée sous un angle scientifique apte à faire ressortir des aspects inédits ou du moins peu mis en évidence dans les études portant sur cette époque.  

Cela s'inscrit notamment dans le cadre de la démarche interdisciplinaire lancée par l'Oxford Research Centre in the Humanities (TORCH) qui a invité des chercheurs de disciplines différentes a venir examiner la carte pour en dégager de nouvelles interprétations et perspectives d'étude.

La carte montre une vue de la Chine perçue de l'extérieur et non de l'intérieur, mettant l'accent sur les relations commerciales avec ses voisins et offrant ainsi un aperçu sur le dynamisme et la complexité des échanges en Asie du Sud-Est au XVIIe siècle.

Ce qui frappe particulièrement les chercheurs est que cette carte, sûrement réalisée par des marchands ou en tout cas à des fins commerciales, n'a pas pour centre la Chine elle-même comme la plupart des cartes de l'époque. Au contraire, le pays ne représente qu'une petite partie de cette carte qui est principalement axée autour de la mer de Chine méridionale.

On voit donc bien comment la carte peut être révélatrice aussi de conceptions et de représentations, en l'occurence sur la manière dont ces marchands chinois perçoivent et rendent compte de leurs interactions avec les pays voisins. Plusieurs types de lectures (historique, politique, économique, artistique) peuvent ensuite venir s'aggréger pour compléter l'analyse. Cela confirme aussi l'idée que dans l'exploitation de documents visuels, il est sûrement bon pour les historiens de chercher à collaborer avec des chercheurs d'autres disciplines, peut-être mieux à même de décrypter certains détails qui pourraient nous échapper.

lundi 9 décembre 2013

Une liste de base de données des images chinoises



J'ai trouvé par hasard sur Internet un site qui s'appelle "Phtotgraphy of China". C'est un projet créé par Marine Cabos, doctorante du départment d'histoire d'art et d'architecture d'University of London. Sa thèse porte sur la photographie de paysage des sites emblématiques de la Chine ( 《Landscape photography of China's iconic sites (1840s-1949)》). Ce site est un "sous-produit" de sa thèse en présentant une collection diverse des images sur la Chine de la fin de la dynastie des Qings à nos jours. Les photos sont prises par non seulement des locaux et mais aussi des étrangères. Elle a divisé trois périodes (avant-Mao, Mao et après-Mao period) de sa collection qui a été déclaré comme une présentation qui évite les discussions sur ce qui constitue exactement la photographie chinoise, échappent informations écrasante, et au lieu d'examiner visuellement le rôle que ces photographies jouent dans l'image de la Chine. 

Sur son site, elle propose aussi une liste de base de données où elle a collecté des images. Ce sont tous les projets visuels sur la Chine. Ce qui sont exposés sont des images de toutes les sortes : des photos conservées et numérisées par des archives/ des instituts du monde (y compris le site Virtual Cities d’IAO), cartes postales recueillies par des individus, photos redécouvertes dans un album familiale...

Je pense que c'est intéressant et important pour ce qui réfléchit sur le "récit narratif" de l'histoire chinoise de compléter la liste des ressources et des travaux qui sont déjà faits par les autres. J'espère que cela peut être utile pour nos recherches.







dimanche 8 décembre 2013

Scalar pour les historiens

Je dédie ce billet à Fleur, que je remercie de nous avoir présenté Scalar et transmis l'expérience qu'elle en a. Sa démonstration lundi dernier m'a donné très envie de m'y plonger sérieusement : je n'ai pas encore eu le courage de mettre les mains dans le cambouis, mais j'ai séjourné de longues heures dans le "Users' Guide" (très bien fait, sous forme de "paths" qui donne d'ailleurs un aperçu de ce qu'on peut faire avec Scalar, même si la version longue demande du temps...). Je vous livre les quelques réflexions que manuel m'a inspirées, et les quelques pistes qu'il me semble intéressant d'explorer pour donner corps à nos visual narratives :

Choix du modèle narratif : récit ou itinéraire ?

Je renvoie ici plus précisément aux sections "Reading with Scalar ("Path" et "Tag"surtout), "Page view" et "Working with structure"
La notion de "path" est très intéressante pour la construction du récit historique : désigne un groupe de pages, un peu comme le chapitre d'un livre, mais en plus souple et plus flexible. On peut tracer des "intersections paths" : sorte de chemins de traverse et des croisements entre les pages et les chapitres, qui autorisent une lecture plus libre - un itinéraire en somme. La fonction "visualization path" offre une visualisation alternative, sous forme d'arborescence, qui met en évidence les liens entre les contenus (textes, médias). Mais le "path" reste plutôt hiérarchique, impose un ordre et une direction : on est à mi-chemin entre le récit qui impose sa logique et l'itinéraire totalement libre finalement. La fonction "tag" est une autre manière de lier les pages et les contenus entre eux, moins hiérarchique, plus souple. Les tags et liens entre les tags peuvent être visualisés sous forme de diagramme. L'intérêt est également que les tags ne sont pas nécessairement des mots : on peut créer des tags "non verbaux", à partir d'une image, d'un son, d'un media de manière générale, ou même d'une page entière.
La fonction "visualization path" offre une visualisation alternative, sous forme d'arborescence, qui met en évidence les liens entre les contenus (textes, médias). Mais le "path" reste plutôt hiérarchique, impose un ordre et une direction : on est à mi-chemin entre le récit qui impose sa logique et l'itinéraire totalement libre finalement


Relations internes entre tout/parties du discours

La force de Scalar à mon avis réside dans le fait qu'il ne s'agit pas d'une simple e-publication, servant à transposer ou adapter en format digital un texte préalablement écrit pour un support papier. Il y a derrière une réelle réflexion sur la structure du discours et les implications d'un changement du support sur la forme et le contenu du discours. Le "livre" Scalar (bien mal nommé à mon avis...) n'est pas qu'une collection ou une suite de pages et de contenus : mais une "modélisation". L'outil semble autoriser une mise en relation "non verbale" entre les pages et les contenus - une argumentation "immédiate", qui se passerait des mots ? Par exemple, on pourrait tisser des liens directs entre des personnages, des événements, des lieux, des sources historiques, ces relations "immédiates" faisant émerger une hypothèse ou une question historique (ça reste à éprouver...). On peut ensuite bien sûr ajouter autant de texte ou d'images qu'on veut, pour expliciter ou illustrer la démonstration, mais l'ossature de la démonstration reste non verbale. Deux types de mises en relations sont possibles :
  • "whole-whole" : lien entre des pages ou des ensembles cohérents : liés par les "paths" (qui restent linéaires et hiérarchiques), les "tags" (non linéaires et non hiérarchiques) ou les "comments" des lecteurs (qui rendrait possible une "co-écriture" du récit historique ?)
  • "whole-part" : liens entre des fragments de textes ou de médias et l'ensemble : passe par les annotations, les "media link", les notes, ou les "Scalar links"

Relations texte(s)/image(s)

Je renvoie plus précisément à la section "Page view".
Le choix de "l'apparence" de la page est fondamental. Il ne s'agit pas seulement d'apparence justement, d'une simple question d'esthétique : c'est la structure du récit et les relations textes-images qui sont en jeu. Deux grandes catégories de "page-view" et de donc de relations textes-images se dégagent :

1) Un modèle plutôt "text-driven" - guidée par le texte, où la logique reste textuelle ou verbale :
  • "Text emphasis view" : deux colonnes déséquilibrés, où le texte occupe la colonne la plus large, et donc "écrase" les images) - reste très "classique", peu intéressant pour nous...
  • "Split view" (ce qu'a choisi Fleur je crois) : une disposition en deux colonnes équilibrées, qui cherche donc une certaine "égalisation des conditions" entre le textuel et le visuel :
"Split view" : une disposition en deux colonnes équilibrées, qui cherche donc une certaine "égalisation des conditions" entre le textuel et le visuel


  • "Media/paragraphe" : utile si l'on a un media (image-source) par paragraphe ou un paragraphe à écrire par media : le risque est de tomber dans l'illustration, mais peut être exploité aussi pour expérimenter un discours historique qui serait écrit directement à partir des images (surtout la fonction "media above"), plutôt que préconstruit autrement avant d'être plaqué sur les images ? Mais une argumentation ne repose jamais sur une seule image ou une seule source : pour la confrontation des sources, ce schéma a des limites.
"Media/paragraphe" : utile si l'on a un media (image-source) par paragraphe ou un paragraphe à écrire par media : le risque est de tomber dans l'illustration, mais peut être exploité aussi pour expérimenter un discours historique qui serait écrit directement à partir des images (surtout la fonction "media above"), plutôt que préconstruit autrement avant d'être plaqué sur les images ? Mais une argumentation ne repose jamais sur une seule image ou une seule source : pour la confrontation des sources, ce schéma a des limites.


  • "Media emphasis" : met l'accent sur les media : pourrait servir de support pour expérimenter un authentique "visual narrative" ? Toutefois, le texte garde une place importante. La logique "logocentrique" est maintenue.
"Media emphasis view" : met l'accent sur les media : pourrait servir de support pour expérimenter un authentique "visual narrative" ? Toutefois, le texte garde une place importante. La logique "logocentrique" est maintenue.


NB la fonction "annotation" et "annotation path" pourrait aussi remplir cette mission : chaque annotation constitue une page en soi, et l'on peut créer des "paths" exclusivement constitués d'annotations. Autre possibilité : un récit entièrement visuel ou presque, construit directement à partir des images-sources avec la fonction "Media Path" (cf. infra).

2) Un modèle plutôt "visual-driven" ou même "structure-driven" : je renvoie aux différents modèles de visualisation de la structure du "livre" qui sont proposés. Ici, ce sont moins les contenus (textes, images, films...) qui priment, mais plutôt la réflexion sur le discours et sa structure. C'est adapté pour porter une réflexion historiographique, pour spéculer sur l'écriture de façon abstraite, mais à mon avis on évacue par là la Chine et la "chair historique" du récit... Plusieurs visualisations sont possibles, qui ont chacune leur spécificités :
  • Radial visualization (sous forme circulaire) : pour valoriser les liens entre pages et média, permet d'isoler des éléments de contenus mais aussi de les regrouper par catégories (avec une couleur différente pour chaque "catégorie" : page, path, annotations, "people"...). Les contenus sont cliquables et accessibles par un clic. Il y a donc navigation entre structure et contenu, entre réflexion historiographique abstraite, et contenu historique concret).
"Radial Visualization"
  • Index visualization (sous forme de "grille" - grid) : de même, les éléments sont "cliquables" : 
"Index Visualization"
  • "Path Visualization" : sous forme d'arborescence (plutôt linéaire et hiérarchique)
  • "Media" ou "tag visualization" : sous forme de graph ou sorte de "Pearl Tree" : plusieurs incertitudes demeurent : à quoi correspondent les distances, l'épaisseur des liens, le nombre de liens ?

"Media Visualization" (en haut) et "Tag Visualization" (en bas)

Une question non négligeable pour finir : peut-on aisément basculer d'un mode de visualisation à un autre, ou bien faut-il recréer une page (et donc entière "réécrire") pour changer de visualisation et de "page view" ?
Une autre fonctionnalité, plus anecdotique, mais qu'on peut citer : la fonction "style" qui permet notamment d'associer un "thumbail" à une page. J'en parle car ici le visuel est purement décoratif, il s'agit plus d'un gagdet destiné à égayer vos pages (en plus, il n'est pas encore possible de le voir...)... De même pour les réglages de la couleur ou de l'image de fond.

L'historien et ses sources

Je fais référence ici à deux questions importantes pour l'historien:
  • la nature des sources : Scalar est un outil précieux pour l'historien qui doit mobiliser et confronter des sources diverses, de nature variée. La fonction "Media" recouvre à la fois des images, fixes ou mouvantes (films), des sons, des textes, des hyperliens... On doit pouvoir ajouter des documents d'archives primaires, et y donner directement accès.
  • les relations sources primaires/discours de l'historien (métadonnées et récit historique) : comment les citer et renvoyer aux sources primaires - seul gage de rigueur et de scientificité, ce qui permet de vérifier et de garantir la "réfutabilité" du discours de l'historien. La fonction "description" permet d'ajouter une légende quand un insère un media, les fonctions "Link", "Media link" et "Note" permettent de citer les références précises, voire donner directement accès à la source (stocké en général à l'extérieur). Il semblerait qu'on puisse finalement renvoyer directement à une source stockée sur une plateforme qui n'a d'accord avec Scalar (Virtual Shanghai ou Virtual Tianjin ?) - cf. "Importing Other Media Online". Lorsqu'on insère un media dans une page, on peut choisir sa localisation précise, ou bien laisser Scalar choisir la localisation du media : on introduit ainsi une part d'aléatoire dans la construction du récit historique, une sorte d'historiographie algorithmique, un peu sur le modèle de "l'écriture automatique" chez les surréalistes... sauf qu'avec Scalar, "l'automatisme" est entièrement généré par la machine.La fonction "Annotation" est essentielle également pour lier le discours de l'historien et ses sources : elle permet d'annoter, de commenter directement des medias et des fragments de medias, y compris des films qui peuvent être découpés en séquences, auxquelles on peut renvoyer séparément. On pourrait imaginer par là faire émerger "spontanément" le récit à partir des images/médias, plutôt que de plaquer sur l'image un récit préalablement construit à partir d'autres sources et par d'autres moyens : en effet, chaque annotation constitue une page en soi, et l'on peut créer des "paths" exclusivement constitués d'annotations. Autre possibilité : un discours construit directement à partir des images-sources avec la fonction "Media

jeudi 5 décembre 2013

Heterographic History

Nous croyions être les seuls ou presque à réfléchir sur les possibilités d'écritures visuelles de l'histoire. Le jeune chercheur brésilien Genaro Vilanova Miranda de Oliveira1 (Université d'Auckland, Nouvelle-Zélande) semble fournir un contre-exemple : à partir de ses travaux sur l'histoire moderne du Brésil (XVIe-XIXe), il propose une « historiomédiographie » (historiomidiografia), une hétérographie en histoire, c'est-à-dire une manière différente (du grec hetero) d'écrire (graphie) l'histoire – expression sans doute calquée sur le concept foucaldien d'hétérotopie2. Ce projet historiomédiographique se déploie dans deux directions : 
  • il s'enracine d'abord dans les préoccupations pédagogiques de l'auteur : comment intéresser à l'histoire du Brésil des élèves rebutés par les formes verbales et logocentriques prédominantes dans l'enseignement de l'histoire ? Ne peut-on utiliser les outils multimédia et les médias de communication actuels pour les capter et captiver ? Le pédagogue – et l'historien - ne devraient-ils pas aller au devant de ces mutations technologiques, se réformer et se (re)former pour acquérir des compétences multimédia et développer une digital literacy, plutôt que de dresser le papier contre les médias de masse accusés de pervertir la jeunesse, et s'enfermer dans la nostalgie d'un âge d'or supposé, où les élèves lisaient encore des livres ?
  • il s'est étendu ensuite à domaine de recherche, à travers le projet d'écrire une histoire multimédia du Brésil : une histoire brésilienne écrite par et avec les images et les sons. Le web lui apparaît comme un media (et non un simple support de communication et de diffusion) particulièrement adapté pour écrire l'histoire du point de vue des colonisés, des vaincus, des oubliés, ces anonymes maintenus dans l'ombre ou dans les silences de l'Histoire. Le web est envisagé comme un outil spécifiquement approprié pour réécrire l'histoire de la colonisation du Brésil : seul moyen de dépasser ce cadre théorique ethnocentrique qu'entretiennent malgré eux, par la seule logique verbale, les discours des plus sincères post-colonial scholars3. A ses yeux, une authentique histoire post coloniale ne pourra advenir qu'au moyen d'une histoire « post-textuelle » (post-textual history).
Passés les effets d'annonces, quelle est la valeur ajoutée réelle de cette historiomédiographie ? Quelles réalisations concrètes peuvent en naître et que pouvons-nous en tirer4 ?
La suite de l'article lui-même apporte peu (je l'ai lu pour vous, inutile d'y retourner...) : après une longue introduction tissée de promesses, de spéculations générales et généreuses sur la digital history et le devenir de l'historien programmeur, on résigne à l'idée que l'historiomédiographie tant promise n'est qu'une stratégie de séduction qui confine au populisme - mettre l'histoire à la portée du commun des mortels en agitant quelques hochets digitaux (bruitages, animations d'images...). Lorsqu'on en vient finalement aux faits, les captures d'écran restent de pures illustrations non explicitées dans le corps de l'article. On devine vaguement que l'auteur a voulu utiliser un langage visuel pour faire parler ces « muets » de l'histoire brésilienne, ou pour retourner contre lui les armes du colonisateur : utiliser son propre langage pictural pour déconstruire de l'intérieur les représentations du colonisateur. L'annotation d'image et le zoom permettant de naviguer de l'ensemble au détail, semblent faire office de « citation (quotation) visuelle », et remplacer le procédé de la citation dans le discours verbal « classique ». A la fin de l'article, on reste finalement sur notre faim... Deux limites sont à signaler en particulier :
Mais sans doute faut-il se montrer indulgents à l'égard de ce qui n'est encore qu'un « work in progress » et en tenant compte des contraintes du format de l'article papier, qui n'offre pas d'espace propice à la démonstration multimédia. Le site de l'auteur nous convaincra peut-être davantage... 
Page d'accueil du site "Genaro.me" - "O Seculo XVI Que O XIX Criou". Le menu est déployé en éventail.


Que reste-t-il de ces belles promesses historiomédiographiques sur genaro.me ? En nous rendant sur le site, nous allons de déception en déception : le visiteur doit se contenter de quelques gadgets digitaux ou d'animations d'images gratuites , qui servent d'emballages au format « préhistorique » et figé qu'est le PDF - essentiellement la thèse de l'auteur et ses réflexions éparses autour des pratiques alternatives d'écriture et d'enseignement de l'histoire du Brésil). On a finalement très peu de contenu, aucun accès aux sources primaires, aucune métadonnée, aucune réalisation ou tentative « d'hétérographie » historique, à partir et avec des images et des matériaux multimédias. On n'a pas affaire ici à une plateforme de recherche, et les réalisations pédagogiques elles-mêmes sont relativement limitées. Les pistes ouvertes semblaient prometteuses : dommage qu'elles ne soient pas explorées jusqu'au bout...

L’annotation d’image et le zoom permettant de naviguer de l’ensemble au détail, semblent faire office de « citation (quotation) visuelle »

1 Genaro Vilanova Miranda de Oliveira, "Heterographies in Historiography. The Web and Perspectives on Historical Writing" in Frédéric Clavert, Serge Noiret (dir), L'histoire contemporaine à l'ère numérique, 2013.

2 Michel Foucault, Dits et écrits (1984), T IV, « Des espaces autres », n° 360, pp. 752 - 762, Gallimard, Nrf, Paris, 1994.

3 J'ai souligné récemment cette « survivance malgré tout » de l'ethnocentrisme, par la seule force du langage verbal, à partir de mes lectures de Jack Goody. Même les travaux récents sur la Chine perpétuent les dichotomies du type « Chine traditionnelle »// « Occident moderne », malgré l'introduction de nouveaux concepts comme ceux de circulations, métissages ou hybridations, dans le cadre des post-colonial studies et cultural studies, de la global history ou de l'histoire « connectée ».

4 Les emprunts et les exports vers nos propres expérimentations visuelles me semblent facilités par le parallélisme entre nos objets d'étude : entre l'histoire coloniale du Brésil et la situation semi-coloniale de la Chine, notamment dans les concessions de Shanghai et Tianjin à l'époque moderne.

mardi 3 décembre 2013

Walking Tall: Graphic Novels Are Heroes in the Bookstore

Walking Tall: Graphic Novels Are Heroes in the Bookstore

Petit article sur le phénomène des Graphics novels, un peu périphérique au regard de notre réflexion, mais c'est un genre narratif qui nous intéresse aussi, certains plus que d'autres, dans la perspective d'articuler visuels et arguments.

vendredi 8 novembre 2013

Maciunas’ “Atlas of Russian History”

Cécile m'a suggéré cette lecture que j'ai trouvé très profitable: 

Astrit Schmidt-Burkhardt Maciunas’ “Atlas of Russian History”

“Outside of a linear historicality”
Laurence Weiner

Maciunas était depuis un moment sur mon radar, mais je n'avais encore jamais pu voir véritablement de travaux concrets. L'article est un peu long et parfois descriptif, mais il rend bien compte de la démarche de Maciumas dans son exploration de l'espace-temps, tant au niveau cartographique que des graphiques pour lesquels il est particulièrement connu. De manière assez frustrante, le billet ne livre aucune image, bien qu'il semble avoir été numérisé. On en trouve quelques exemples égarés dans des pages annexes du site. La réflexion de Maciunas croise notre propos sur la manière de représenter un récit -- Maciunas traduit l'histoire en graphiques qui incluent des images -- et de positionner les "faits historiques" sur une ligne d'espace-temps.

mercredi 6 novembre 2013

Designing History (suite)

B42-Transmettre-Histoire_scaled 

Voici un petit compte rendu de l'ouvrage dirigé par Gilles Rouffineau, Transmettre l'histoire/Passing on History (2014), à paraître aux éditions B42, et que j'ai déjà mentionné dans un précédent billet. Cet ouvrage est issu d'une journée d'étude qui s'est tenue à l'Ecole régionale des beaux-arts de Valence en 2011 autour des modes de transmission graphique, visuelle et scénographique de l'histoire. J'ai tenté de chausser mes lunettes « d'historienne visuelle » pour en filtrer les éléments les plus déterminants pour notre atelier : que peuvent nous apporter le design et les designers à notre projet « d'histoire(s) visuelle(s) » ?
 Revenons d'abord avec Sean Takats (CHNM) sur la définition et l'étymologie même du mot design (ça ne consiste pas à « fabriquer des chaises » plus ou moins biscornues...) : au sens fort du verbe anglais, le design est une «activité de conception, réflexive et critique, qui suppose « un délai et une mûre réflexion entre la conception d'une action, l'élaboration des moyens nécessaires à sa réalisatio et l'évaluation » (Potter 2011). Nous sommes en plein dedans : encore à la phase de maturation de la réflexion me semble-t-il, même si certain(s)s sont déjà en train de tester et évaluer certains outils (Scalar...). Donc le design ne se réduit pas au choix d'un template ou d'un thème : ce n'est pas une pure question d'esthétique, les implications épistémologiques sont fortes, et le processus prend du temps...
J'ai pu dégager quelques pistes méthodologiques ouvertes par des études de cas concrets de plateformes ou d'outils conçus par des designers, que je répartis par souci de clarté en trois cercles concentriques (cf. tableau pour les détails – mon amour des tableaux est un mal incurable...), en progressant par élargissements :
  1. Outils d'historiens ou tournés orientés vers l'histoire/mémoire (1er cercle) : ETA Datascape, Omeka
  2. Outils muséographiques ou patrimoniaux (2eme cercle) : Musée Nicéphore Niepce (histoire de/par la photographie), Exposition Repères (Cité de l'immigration), Exposition Pariétale (grottes de Margas), « Le Vase qui parle » (Université de Lille – ajout perso - trouvé à Marseille)
  3. Outils d'archéologues ou inspirés de la démarche archéologique (3eme cercle) : Le Sombre abîme du temps : mémoire et archéologie (Olivier 2008) ; le Big Chart de Macunias (1973)
Ces trois territoires sont parcourus par plusieurs questions transversales - et que nous nous posons aussi :
  • Construire une base de données : l'archive seule ne fait pas l'histoire ; problèmes de classements, mises en relations et principes de recherche / consultation / navigation dans la base.
  • Quelles relations entre images-sources et mots (métadonnées et méta-discours de l'historien) ? Mots écrits ou mots dits – entendus (effets sonores) ? Jusqu'où peut aller l'historien dans la réduction ou condensation des textes, voire dans l'absence de texte (silence de l'historien pour laisser « parler » ses sources : une illusion) ?
  • Mémoire(s) et matérialité des images-sources. Avec leur concept d'objet-mémoire les designers invite à prendre en compte nos images (et nos sources de manière générale) pour elles-mêmes, à tenir compte de spécificités, de leur « matérialité ». Être attentif au temps des sources, tenter de restituer leur temporalité(s) propre(s) et souvent complexes, plutôt que de les couler dans le moule d'un temps conventionnel, homogène, lisse et uniforme. Être conscient que les images-sources sont produites, diffusées, « reçues » dans des contextes différents, ce qui introduit parfois des décalages temporels ou interprétatifs. Essayons de rendre cette matérialité et cette temporalité spécifique des images dans nos récits visuels. Comment articuler ce temps des sources avec le temps de l'analyse – du récit historique, souvent linéaire et chronologique, peu apte à accueillir la complexité et la discordance ? Deux dimensions : (1) temps des sources (2) temps de la source (qui peut superposer ou enchevêtrer plusieurs couches temporelles, différents contextes et ordres de réalité).
  • (Po)Et(h)ique du fragment. Image-fragment (un élément de la totalité qu'est la « base de données ») et fragment d'image (possibilité d'isoler des détails, de revenir au contexte global, de jouer sur les échelles). Problèmes des lacunes de la documentation aussi (métadonnées partielles ou incertaines).
  • Public(s) : définir et connaître son public(s). Quel est notre public ? Une question à se poser, qui a des implications sur l'outil, le support (site/plateforme en ligne, application mobile?), sur le format et les contenus de nos productions. Simplement nos pairs (rester dans l'entre-soi) ou au-delà du monde acadmique ? Dans quelle mesure participe-t-il au processus de production du savoir historique (depuis le simple lecteur « passif » fournisseurs de sources, en passant par l'interprétation, l'intervention dans l'écriture de même de l'histoire, ou l'évaluation en aval) ?

lundi 21 octobre 2013

Premières impressions sur Scalar

N'ayant pu résister à la présentation alléchante qui nous a été faite ce matin, j'ai tenté une première approche avec le fameux Scalar.
Tout d'abord, il est très facile de s'inscrire et de créer un ouvrage. C'est un système qui ressemble beaucoup à celui des blogs du type hypotheses.org en plus sophistiqué mais on retrouve le même principe du dashboard (gestion des propriétés du livre, des utilisateurs, des pages, médias, annotations...), la page d'accueil avec l'édition du livre qui ressemble à l'édition de billets sur un blog mais là encore avec plus de fonctionnalités et de connexions possibles entre les pages, notamment avec les "paths" qui permettent d'articuler les pages, les médias et les annotations avec la possibilité de connecter les "paths" qui renvoient à un même contenu.
Autre petit détail, les pages éditées et les médias gérés ont un historique qui est conservé et qui permet de revenir à des versions précédentes.
Le guide est très riche et bien expliqué. Après c'est à chacun de piocher un peu dans ce qui l'intéresse par rapport à son utilisation du média et la flexibilité qu'il ou elle attend.

Omeka: tips from Myriam Posner

Pour celles et ceux qui explorent Omeka, une brève intro sur le Blog de Myriam Posner (source: Liuying)

The Nicest Kids in Town

 The nicest kids in town  est un exemple d'utilisation de Scalar pour un récit fondé avant tout sur le texte. Ici, pour mémoire, les notes de bas de page sont gérées manuellement. Ce n'est pas central, mais c'est une donnée à prendre en compte. Les sources visuelles viennent ici en appui au texte.


dimanche 20 octobre 2013

Scalar 2

Juste quelques éléments de réflexion après la lecture de l'article cité dans mon billet précédent. La plateforme SCALAR semble apporter un environnement approprié à l'édition en ligne qui est le point de départ du projet. Sans l'avoir testée direcement, on ne peut se prononcer sur un certain nombre de points qui restent à élucider dans notre perspective de récit visuel.

A l'évidence, la plateforme permet l'intégration de toutes sortes de sources visuelles dans des formes de récit à base de texte. Les exemples fournis soulignent une certaine centralité du texte. En même temps, SCALAR ofre la possibilité d'une multiplicité de "chemins" (path) en prenant appui sur différents fils (les mots des textes, les mots des métadonnées, etc.), offrant ainsi des parcours multiples qui détachent le lecteur de la contrainte posée par tout récit. Enfin, pour résumer brièvement, l'apparence ou la disposition même des éléments peuvent varier selon les modèles (template) d'affichange choisis. Ceci est loin d'être une affaire d'esthétique. C'est bien le regard et la perspective qui se trouvent modifiés radicalement. La dimension "visualisation" des données qui sont injectées dans la plateforme est remarquable.

Parmi les questons qui me restent à l'esprit, qui n'ont pas trouvé réponse à ce stade dans la présentation de SCALAR ou l'article évoqué ci-dessus:
- gestion des notes (footnotes, endnotes) dans les textes;
- images animées: capacité à "citer" un extrait précis (la référence à des URL de films sous Archive.org ne résoud pas la question d'un URI précis pour un segment précis);
- articlulation avec une base de données existante (objets, métadonnées), dans mon cas Virtual Shanghai, mais sans doute a priori possible;
- problème de la dépendance envers des ressources extérieures et de leur stabilité;
- et bien sûr la capacité à développer des récits visuels selon des finalités et des modalités variées, telles que nous avons commencé à discuter.

En clair, SCALAR apparaît comme une surcouche très sophistiquée susceptible d'exploiter une infinités de sources en ligne à des fins d'édition, et donc de création de connaissances, dans un environnement numérique.

SCALAR

Pour approfondir une des pistes proposées par Cécile, j'ai trouvé cet article à travers le blog lié à SCALAR dont la lecture pourrai tnous être profitable "After the document model for scholarly communication: some considerations for authoring with rich media"

samedi 19 octobre 2013

Designing History : l'apport du design et des designers à la production et la transmission des savoirs historiques


Deux références originales sur les apports possibles du design et des designers à la construction des récits historiques, la production et transmission des discours historiques : 
Gilles Rouffineau et son équipe réfléchissent activement à ces questions, et ils ne sont pas loin de chez nous (Grenoble - Valence...). A suivre... 

Bonne lecture ! 

vendredi 4 octobre 2013

Post Session R-M (I)

Bonjour à tous,

      Merci pour vos informations divers qui sont vraiment intéressantes et enrichissantes. Les trois sites proposés par M. Henriot réfléchissent très bien la notion de « récit narratif» en fournissant trois formes différentes. Je trouve ce que fait par MIT le plus séduisant au niveau pédagogique mais avec pas mal d’éléments divertissants. C’est aussi la plate-forme la plus « user-friendly» où l’on peut trouver des documents téléchargeables avec des images (parfaitement mise en page) et des textes. C’est aussi où des différente formes de narratives se croisent (pour certains sujets, à côté d’un texte extrêmement long, on peut trouver une série d’image comme une « mise en abyme»). C’est donc une plate-forme où l’on apprend des savoirs systématiquement et décrire une période d’histoire entièrement.
MIT Visualizing Cultures n’est pas une base de donnée, mais plutôt l’ensemble de présentations visuelles, conviviale et variés. Les auteurs utilisent des documents diversifiés, des photos, des publicités, des cartes postales, des extraits de magazine/journal, des dessins, des objets d’art et des segments cinématographiques. L’usage d’une scène d’un film japonais mis à côté afin de montrer la mode à l’époque me fait penser comment on intégrer l’image animé dans notre site dans le futur
.

J’y pense trois façon :
·Employer des extraits cinématographiques en vue d’éclaircir un tel sujet, comme ci-dessus.
·Le film s’explique : analyser un segment/ une scène / une séquence / un film entière important(e) en détail.
·La juxtaposition et la comparaison : afin de présenter une évolution / une invention / une spécialité / un développement, on peut juxtaposer plusieurs écrans avec des défilement de films choisis. Par exemple, les séquences extraits de deux films qui presentent un même movement ou une situation / un sujet similaire.
Pour réaliser cettes fonctions, j’ai exploré Lignes de Temps, logiciel mentionné par Cécil dans son courrier précédent (Merci beaucoup ! ). Ici, quelques mots sur ce logiciel après mon première essai :
Lignes de Temps: Un outil se represent d’une manière graphique du temps qui permet les utilisateurs de questioner les films en permettant de faire apparaître des structures d’un film dont nous sommes pas forcement conscients lors d’une séance de projection.



Deux types d’outils principaux :
I.« Plan par plan» :
·Une navigation : facilité de trouver une scène, un plat et de localiser précisément un moment de dialogue.
·Affichage toutes les structures narratives d’un plan : axe de caméra, échelle de plan, lieu, movement de caméra, personnages...
·Mots clés : Lingnes de Temps peux visualiser tous les plans qui conviennent un tel mot clé. Par exemple, nous pouvons examiner à la fois tous les plans qui utilisent le gros plan, ou bien tous les plans avec le même personnage qui apparaît.
·Descriptif : les détailles peuvent aussi être ajouteés en texte libre sur la ligne, le titre du segment, le commentaire, ect...
·Ligne de temps personnelle : Nous pouvons même créer notre propos ligne de temp afin de faire une petite présentation avec des extraits d’un film.



II. « Bout à bout » :
·Réaliser des parcours temporels, y compris des textes, des images, des éléments sonores sur un ou deux écrans simultanément. Cette fonction nous permet de faire comparaison de dexu films ou exposer deux extraits thématiquement similaire.

Je trouve ce logiel très utile pour analyser un film précisément mais ne sais pas comment peut-on installer tel logiciel sur notre site, ça pose le problème technique.
En ce moment, donc, c’est l’heure d’agir. J’aime bien aussi le nom « FBI », mais je pense que ça peut être juste un jeu de mot... « Shanghai Visible », qu’est-ce que vous en pensez ? Trop simple, peut-être...Quand à un blog, je propos Tumblr, une communauté en ligne très conviviale (comme twitter, mais on peut ajouter des textes plus longues). Ses avantages : l’appli déjà existe, accessible en Chine, image orientée...
Je voudrais bien continuer ce projet avec vous et j’attends vos réponses suivantes !

Liuying

Notes Session R-M (II)

Ci-dessous mes notes "brutes" (désolée si c'est illisible) pour que vous puissiez ajouter ou corriger des éléments avant de les passer à la moulinette "Mind Mapping" et de les mettre sur Excel - voir aussi fichier Excel qui résume : 

I. Une plateforme à deux dimensions - deux espaces/dimensions à distinguer et prendre en compte : 

1) Base de données : les matériaux, les images : image fixe ; image mouvante (film), BD ou story board de film
2) Espace numérique : visual narrative, mots (distinguer métadonnées et informations "brutes" sur la source vs récit historique, discours de l'historien construit à partir de l'image ; comment articuler textes/images




1) Base de données – question documentaire – question des sources / documents : comment gérer les éléments 


Besoins : l'idée générale est d'avoir la possibilité de replacer l'image individuelle dans ses multiples contextes d'apparition, à la fois dans la base de données et dans l'espace numérique 
(a) dans la base de données : 
  • faire apparaître le texte ou non, et choisir le format du texte à dérouler (en termes de contenus et de forme/structure) ; deux solutions possibles : 
  • par clic droit ou gauche
  • par glissement - en faisant glisser le curseur sur l'image 
  • revenir au fichier source et/ou au document d'origine et inversement (va-et-vient), une fois l'image individuelle « retraitée » ou « retravaillée » : accompagnée de textes / insérée dans un visual narrative (VN) / intégrée dans une collection (set) 
(b) dans l'espace numérique (cf. plus loin) : VN, collections - "sets", séries... 
Solution globale pour replacer dans les contextes : 2 modèles/schémas de visualisation proposés qu'il faudrait pouvoir articuler
  • « galaxie » - constellation (suivant une logique "réticulaire") - sur le modèle de IVS 
  • « pellicule » - déroulement - film (suivant une logique plus "linéaire") : il faut maintenir la possibilité de dérouler le "narrative" 

2 autres besoins :
  • jeux d'échelles / zoom et dezoom / focalisation : isolement de fragments d'images = des motifs, et comment gérer ces fragments d'images ; avoir la possibilité de zoomer et dézoomer, naviguer entre vue d'ensemble et détail, micro et macro
  • besoins spécifiques au film/images mouvantes* :
    • coordination son/image
    • sélection/isolement de séquences : manuelle ou automatiquement générée (ex Spielberg et archives sur les juifs). 
*NB Distinguer trois types d'images mouvantes/films :
  • documentaires (description - construit) /
  • fiction (invention)
  • film d'archives (pas construit)

**

2) Espace numérique - question historiographique : question de l'écriture, du récit, de la narration : quelles formes de récit, comment les produire, comment articuler doc sources entre eux et images/mots (écrit/oral) ?

Tableau Excel – feuillet 2

Quelles relations – ordre – hiérarchie entre image source/discours, récit historique ? L'image point de départ et cœur de l''analyse historique vs l'image point d'aboutissement et simple illustration (« cerise sur le gâteau » de l'historien) de la démonstration et de l'argumentation ?
F deux usages/fonctions/statuts de l'image, deux « cheminements » :
  • partir de l'image pour construire le récit (l'image comme point de départ et de réflexion)
  • arriver à l'image : écrire le récit d'abord puis utiliser l'image pour prouver ou illustrer (l'image comme aboutissement, décoration, illustration) (moins intéressant)

3 pistes d'écriture :
  • écrire un récit (textuel) à partir d'images sources ;
  • écrire un récit visuel à partir d'images ;
  • écrire un récit visuel à partir d'un texte (document textuel)

Besoins - possibilités narratives : 
(a) concernant l'articulation et les relations entre les images – les documents sources entre eux : avoir la possibilité de choisir entre plusieurs formes et logiques de récit :
  • des séries autogénérées, proches du moteur de recherche (à partir de mots-clés vs catégories) vs séries générées par le chercheur, de choisir les critères (images de même natures/natures différentes) ; 
  • des formes inspirées de la BD : roman photo / graphic novel / BD "classique" vs BD numérique empruntant parfois au jeu vidéo ou film
  • deux logiques :
    • narrative - récit (linéaire - démonstration – consiste à hiérarchiser et privilégier un point de vue) vs
    • itérative - itinéraire (arborescent - exploration – consiste à laisser au "lecteur" la possibilité de naviguer entre plusieurs hypothèses et points de vue)

(b) concernant les articulations images/textes : avoir la possibilité d'ajouter du texte on/off voire de la voix (ou son, bruits (de ville...), musique) on/off également
= L'outil à développer devrait permettre d'articuler et combiner ces différentes possibilités

***

II. Retours critiques sur les outils et réalisations antérieurs - Virtual Shanghai 

Point de départ de la réflexion : retour sur les visual narrative sexpérimentés sur Virtual Shanghai : on avait 3-4 types de VN, obéissant à 3 ou 4 types de logiques : 
1) logique de défilement des images sous forme de promenade sur le Bund : avec un texte de présentation global, un titre, éventuellement du texte
2) logique sans texte - images seules : possibilité de se déplacer dans l'image, de zoomer, dézoomer : mais reste limitée à l'image fixe : simple : VN racontant par les images seules la transformation du Bund ; il faudrait en plus pouvoir cliquer sur les bâtiments pour faire apparaître d'autres informations : distinguer information SUR/DANS l'image ; il faudrait pouvoir sélectionner sur la photo un élément qu'on pourrait voir ailleurs ; l'argument est implicite 
3) logique composée et composite : mélange de documents de diverses natures (plan, peinture) ; pas de texte ; pb de lisibilité car doc trop petits ; usage des couleurs pour visualiser les mutations de l'espace urbain (apparition des banques...) - un récit chromatique en somme 
(4) logique sérielle "analogique" - "associative" ou "intuitive" - fondée sur l'association d'idées ou d'images : la série des "femmes" (réalisée par C. Henriot) : juxtaposition d'images sans mots sur le principe de l'analogie pour susciter des effets d'échos, de résonances chez le lecteur ; des va-et-vient entre photos/publicités-calendriers/photos anciennes : pose la question de ce qui fait le lien entre les images, qu'est-ce qui fait sens ? Des liens de natures différentes : la technique ; la nudité ; la pose... Jeux de mots dans les légendes : ex "still" évoque à la fois image fixe, pose immobile et pieds bandés (qui limitent les mouvements et enferment dans une situation sociale) vs "animated" (mouvement physique et sociale des étudiantes) puis idée de montrer la métamorphose, le passage de l'immobilité à la mobilité (shanghaïenne traversant la rue de manière décidée, isolée sur la photo)
= ce rappel fait ressortir les limites et apports des outils "anciens" et permet donc de dessiner des pistes d'amélioration : 
Limites de l'outil : on ne peut pas :
  • ajouter de textes autrement que dans une boîte de textes ;
  • choisir entre texte apparent/non apparent ;
  • ajouter une voix off ou des sons ou bruit de fond
L'intérêt de l'outil : les documents sources sont dans une base de données, on peut les retrouver facilement, interchanger les images...le visual narrative obtenu n'est pas figé, mais peu être retouché et réactualisé à partir de la base ouverte.
Trois composantes dans un récit visuel :
  • le texte (mots écrits) : pouvoir le mettre on/off
  • la voix ou le son (mots ou bruits oraux) :pouvoir le mettre on/off
  • le visuel : on ne peut pas l'effacer car il est au cœur de notre démarche 

     

La bande dessinée comme source d'inspiration : en tirant profit de la diversité, des différents « genres » ou modèles possibles
  • graphic novel (plus proche du dessin et de la BD « classique »)
  • roman photo (plus proche photographie)
  • BD numérique (aux confins de la BD, du dessin, du film, du jeu vidéo...)

*** 
Autres pistes/supports : développer des applications sur tablettes ou smartphones

Notes Session R-M (I)

Bonsoir à tous-tes, 

Suite à notre réunion brainstorming d'hier, voici comme promis quelques suggestions de nom pour notre atelier : 
  • Visualiser l'histoire/Visualizing History 
  • Histoire(s) visuelle(s) (en hommage à Gunthert et pour jouer sur l'ambiguïté du mot "histoire(s)" en français : à la fois passé/réalité historique ; récit(s), narration (écrire/raconter des histoires) (dimension historiographique) ; discipline historique, métier des historiens... (dimension épistémo...) 
  • l'oeil de l'histoire/de l'historien/de Clio, qu'on peut aussi décliner en "le clin d'oeil de l'historien" ou encore les yeux/pupilles/regard(s)/lunettes de l'histoire/historien(s), le kaléidoscope de l'histoire ou l'histoire dans/par/à travers les yeux... etc. bref dérouler la métaphore optique… avec en guise d'illustration ou d'emblème un bel oeil de cyclope ou d'Osiris égyptien … ? 
Quelques références bibliographiques (on pourrait d'ailleurs faire une rubrique "bibliographie - webographie - ressources" sur le futur site ? et/ou créer un groupe Zotero ad hoc

Gunthert - Culture visuelle  : http://culturevisuelle.org/ - voir la page : http://culturevisuelle.org/allblogs pour une liste de ressources... et source d'inspiration / voir aussi le volet "Cinémadoc" : http://culturevisuelle.org/cinemadoc
Références BD
  • Professeur Cyclope : http://www.professeurcyclope.fr/ : ex d'application sur tablette/support numérique
  • Lna Morandi - projet Klash : http://www.lna-morandi.com/ : pour un support "hybride" entre BD, graphic novel, jeu vidéo / image fixe et mouvante / digital born narrative ; à mi-chemin entre le "narrative" et "l'itinerary" (laisse le choix au lecteur) 
  • La Revue dessinée : http://www.larevuedessinee.fr/ : pour voir comment la "réalité" (historique/actualité) peut être "mise en images" ou mise en BD - un exemple aussi d'adaptation sur support numérique (tablette et à terme smartphone) si l'on envisage de développer une application
  • Les Autres gens : http://www.lesautresgens.com/spip.php?page=sommaire&hz=1380330445 : série de BD en ligne : une source d'inspiration pour nos "visual narratives" ? 
  • Plastic Dogs (en allemand) : http://www.wagenbreth.de/projekt.php?nummer=177 
  • Web Trip : BD lyonnaise sous forme d'application digitale (tablette) et qui fait appel "au peuple" (une forme de crowdsourcing ou de public history…) :  http://www.webtrip-comics.com/fr/ : gratuite en plus… : la notion de "saison" pourrait être reprise pour nos récits/séquences de films ou visual narratives… 
  • Julien Falgas - études critiques sur la BD : sur la narration, le récit et l'histoire dans la BD : http://julien.falgas.fr/ 
Cécile